« Je partage mon quotidien sur les réseaux sociaux »

Vincent Guyot, céréalier sur 130 hectares à Étaves-et-Bocquiaux dans le nord de l’Aisne, s’est fait connaître il y a onze ans sur X (anciennement Twitter). « À ce moment-là, le champ des possibles était assez restreint et Twitter était le réseau social professionnel le plus adapté pour toucher les médias et les politiques », explique-t-il.

Apprendre les codes de la communication « grand public »

L’agriculteur a toujours eu la fibre de se raconter puisqu’il publiait périodiquement une newsletter pour sa famille et ses anciens collègues (avant de reprendre la ferme, il a été technicien à la chambre d’agriculture dans le Val-d’Oise). Ce qui lui a permis de commencer à apprendre les codes de la communication à destination du grand public.

Vincent Guyot ouvre son compte Twitter après une formation d’une journée sur la communication via les réseaux sociaux dispensée par Intercéréales. Il se prend tout de suite au jeu. Aujourd’hui, près de 24 000 abonnés suivent ses tweets (jusqu’à 5 par jour), toujours professionnels. Le seul volet privé qu’il a introduit, c’est le hashtag #agripapa. « C’est une façon de combattre les clichés et de montrer que les agriculteurs sont aussi des pères de famille et des maris », raconte Vincent.

Rien à cacher

Progressivement, le céréalier établit une « véritable stratégie de communication », avec l’objectif d’avoir un maximum de vues sur le réseau social. Il a une conviction : « Pour sortir de la bulle agricolo-agricole, c’est simple : il faut s’intéresser aux autres pour que les autres s’intéressent à nous. »

Tôt le matin, il fait une revue de presse sur son compte X. « Je trouve toujours un ou deux tweets à reprendre et j’écris à chaque fois un commentaire, sans connotation syndicale », expose Vincent, qui pousse parfois des « coups de gueule », notamment sur le trop-plein de normes.

Il ne tweete pas dans la journée mais prend des photos et réfléchit aux messages du soir qui portent, eux, sur son quotidien de céréalier. « L’objectif est d’en poster deux ou trois par jour, entre 18h30 et 19h30, la bonne heure pour un meilleur audimat. L’important est d’être régulier », détaille Vincent.

Météo, semis, traitements, récoltes, essais… Tout est propice à évoquer ce qu’il fait. Avec une difficulté : réussir à parler d’un métier technique sans être trop technique. « À moi de vulgariser pour être compris d’un public non initié, insiste-t-il. C’est un challenge de faire passer des messages en 240 caractères ! »

« Je n’ai rien à cacher et n’ai aucun scrupule à mettre des photos de pulvérisateur ou d'épandeur à engrais », poursuit-il. Les échanges avec les abonnés sont souvent positifs. L’exploitant reste équilibré dans ses propos, sans être diffamant, ni méprisant, car « la portée de nos tweets est très puissante, il ne faut pas faire n’importe quoi ».

Ouvrir des portes

Vincent passe beaucoup de temps sur X, de 1 à 3 heures par jour, sans gain financier mais il estime que cela est nécessaire pour « créer du lien ». « Être présent sur les réseaux sociaux permet d’ouvrir des portes, de rencontrer des personnes de notoriété publique, des politiques… commente-t-il. Cela doit servir aussi de courte échelle pour aller dans des médias plus généralistes. »

Pour l’instant, Vincent reste focalisé sur X car, selon lui, Instagram ne permet pas la même réactivité. Et il ne souhaite pas recréer une communauté sur LinkedIn. Pourtant, « ce réseau social commence à prendre de plus en plus de poids chez les agriculteurs, explique Kévin Moity, porte-parole de l’association FranceAgriTwittos à laquelle adhère Vincent Guyot. LinkedIn permet d’expliquer les choses de manière plus détaillée que sur X, et la cible peut être intéressée par ces messages-là. Instagram via les photos est également une solution pour montrer son quotidien, tout comme TikTok avec les vidéos. »